L’UE a 60 ans : un nouveau départ

60 ans après la signature du Traité de Rome, où en est-on et comment aller de l’avant ? À l’invitation du Ministre des Affaires étrangères italien Angelino Alfano et sous l’égide de la Fondation De Gasperi, Viviane Reding débat aujourd’hui de l’avenir de l’Union Européenne en présence de 5 autres représentants des pays fondateurs, dont l’ancien Président de la République française Valéry Giscard d’Estaing. À l’occasion de ce 60ème anniversaire, l’ancienne Vice-Présidente de la Commission européenne  appelle à célébrer les réalisations passées et à lancer des réformes d’avenir.

« Il y a 60 ans, les pères fondateurs de l’Europe ont pacifié le continent en remplaçant les champs de bataille par des institutions communes, donnant ainsi naissance à la plus grande puissance économique et commerciale au monde », a-t-elle déclaré. Selon un sondage de l’IFOP  après le référendum « Brexit », la part de citoyens jugeant l’appartenance de leur pays à l’Union Européenne comme « une bonne chose » a fortement augmenté entre janvier 2014 et juillet 2016, de 19 points en France (pour s’établir à 67%), 18 en Allemagne (81%), 10 en Belgique (75%), 9 en Espagne (81%) et 4 en Italie (59%). Viviane Reding y voit le signe que l’Europe apporte des bénéfices tangibles aux Européens : « 60 ans après Rome, l’Union n’est pas figée, elle avance, se réforme et continue de répondre aux attentes des Européens, en renforçant par exemple ses frontières extérieures pour assurer leur sécurité et leur liberté. J’en ai assez du double discours, selon lequel l’Europe est responsable de tous les maux et les capitales nationales créditées de tous les succès. En cette année 2017, marquée par la fin du Roaming et les 30 ans d’Erasmus, soyons fiers de notre unité et fêtons tous ensemble notre diversité. L’Europe vous appartient ! Nous sommes tous l’Europe ! »

Selon un autre sondage Eurobaromètre de 2016 , les citoyens européens estiment que l’UE devrait intervenir encore davantage dans la lutte contre le terrorisme (82%), contre le chômage (77%), et contre le changement climatique (67 %). Viviane Reding estime qu’il faut lui en donner les moyens et fait des propositions concrètes : « Créons l’Europe de la Sécurité et de la Défense, avec une CIA européenne, un Parquet européen et des capacités de défense communes. Réinventons l’Europe de la Prospérité avec un budget digne de ce nom, de la Liberté avec la conditionnalité des fonds européens au respect du droit et des valeurs de l’Union, et de la Démocratie avec un Président directement élu. »

Pour y parvenir, l’eurodéputée met en avant l’idée d’une Europe des cercles concentriques, mise sur la table dès 1994 par Wolfgang Schäuble and Karl Lamers. Ni un retour cauchemardesque à l’Europe des États-nations, ni un bond en avant idéaliste vers les États-Unis d’Europe, Viviane Reding, par expérience et réalisme, préconise : « L’Europe doit se recentrer autour d’un noyau dur de pays prêts à aller de l’avant vers une véritable Europe politique, sociale et fiscale, accompagnés d’autres États-Membres s’engageant dans un nombre important mais délimité de domaines, et entouré d’un cercle d’amis partageant beaucoup sauf les institutions. L’Europe à la carte, ça suffit ! Place à l’Europe des engagements, où l’on fait le choix soit ambitieux d’une Europe politique soit restreint à un marché intérieur, et l’on s’y tient. Le Luxembourg, de Joseph Bech à Pierre Werner, a toujours été l’un des moteurs de l’intégration européenne. Restons à l’avant-garde, fidèles à l’esprit européen ! »

Avant de conclure : « Tous les chemins ne mènent pas à Rome. Prenons le bon chemin pour que les générations futures reviennent souffler la 100ème bougie d’une Union toujours plus efficace et plus visible. Leur souveraineté, c’est-à-dire leur capacité à décider de leurs propres règles et de maîtriser leur destin, en dépend. »