La défense européenne : c’est maintenant ou jamais

Si vous devez vous demander ce qui va changer cette année, tournez-vous vers la question de la sécurité européenne, alors que la Russie a commencé la guerre avec l'Ukraine il y a presque un an. Depuis lors, les tabous sont tombés à un rythme rapide. Pour la première fois dans l'histoire de l'Union européenne, nous - en tant qu'États membres européens - avons conjointement débloqué des fonds pour fournir des équipements militaires à l'Ukraine. Berlin a fait volte-face après avoir décidé d'accroître ses dépenses militaires et de consacrer chaque année plus de 2 % de son PIB aux forces armées. Aucun pays de l'OTAN n'avait jusqu'à présent fourni directement des chars occidentaux à l'Ukraine, mais la France et l'Allemagne y ont mis fin cette semaine en apportant leur soutien à un niveau supérieur.

Avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'Europe réécrit les règles du jeu en matière de défense commune. L'OTAN est sur le point de s'élargir avec la Finlande et la Suède comme nouveaux candidats. Et l'Union européenne a prouvé qu'elle pouvait agir à la fois rapidement et unilatéralement en imposant des sanctions sévères à la Russie. En outre, l'Ukraine a rendu les deux organisations conscientes de leurs capacités mutuelles. La signature de la nouvelle déclaration conjointe UE-OTAN dans les premiers jours de la présidence suédoise de l'UE arrive donc à point nommé. La coopération entre l'Union européenne et l'OTAN est plus que jamais essentielle pour assurer notre sécurité en Europe.

Ensemble, nous sommes plus forts

Nous sommes à un point de basculement pour la sécurité et la stabilité euro-atlantiques. L'OTAN reste la base de notre défense collective, mais les Européens savent qu'ils doivent faire plus et mieux. L'UE devrait donc poursuivre une coopération toujours plus étroite avec l’OTAN, ce en quoi cette troisième déclaration UE-OTAN approfondit encore la coopération concrète entre les deux parties. C'est une opportunité pour les deux organisations, et surtout pour l'UE qui n'est pas encore au rendez-vous en matière de défense, opportunité que nous devons saisir à bras le corps. Nos infrastructures critiques, nos chaînes d'approvisionnement et notre cyber sécurité, par exemple, doivent être plus solides. Ceci est nécessaire pour répondre au conflit entre la Russie et l'Ukraine aujourd'hui, mais tout aussi nécessaire pour poursuivre cette tendance à l'avenir, afin que les deux organisations puissent relever ensemble les défis de l'avenir, la Chine figurant en tête de liste.

Le renforcement de la coopération entre l'UE et l'OTAN n'est pas seulement une priorité de la présidence suédoise au cours des six prochains mois ; c’est aussi un point central de mon rapport annuel au Parlement sur la politique européenne de sécurité et de défense commune (PSDC). Outre le renforcement de notre partenariat stratégique avec l'OTAN, l'UE doit également continuer à agir d'une seule voix pour assurer la sécurité que les citoyens européens attendent et méritent. Cela signifie que l'Europe doit renforcer ses capacités de défense en coordonnant mieux les investissements ; s'engager davantage dans les missions et les opérations de la PSDC sur le terrain; mettre en œuvre de manière décisive la boussole stratégique contenant des actions et des mesures concrètes ; et, à l'avenir, faciliter la prise de décision en matière de sécurité et de défense, notamment en impliquant davantage le Parlement européen.

L'hémicycle européen votera mon rapport dans les prochains jours, juste avant le sommet UE-Ukraine prévu début février. Cela montre encore une fois que l'Europe est unie dans sa réponse à la guerre russe et que nous continuerons à soutenir le peuple ukrainien dans sa lutte pour la liberté. Telle est notre force européenne, la voix unie d'un continent qui soutient une voie indépendante, libre et démocratique pour l'Ukraine, tout en construisant son architecture de sécurité.