L'Europe au micro-ondes : comment Poutine met notre continent en ébullition

14.02.2025

L'Europe au micro-ondes : comment Poutine met notre continent en ébullition

Remarque importante

Les points de vue exprimés sont ceux de la délégation nationale et ne reflètent pas la position du Groupe

Vladimir Putin
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Un an après la mort de l'opposant Alexeï Navalny, rien ou presque n'a changé en Russie. Plus que jamais, l'autocrate Poutine joue la carte de la répression, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. En ces temps sombres, il appartient à l'Europe d'apporter la lumière et de briser le cycle de la peur.    

Au début de l'ère Poutine, l'espoir d'un nouveau dirigeant pragmatique pour la Russie semblait encore grand. Le système étatique était modernisé et les Russes ordinaires bénéficiaient également d'une relance de l'économie. Aujourd’hui, nous connaissons la réalité. Au moins 1 500 dissidents et membres de l'opposition sont actuellement derrière les barreaux sans avoir été graciés en raison de leur affiliation politique. D'autres sont morts de privations dans la toundra sibérienne, sont tombés inexplicablement par une fenêtre du 10e étage ou ont été aidés par des gaz neurotoxiques ou des substances radioactives.  

C'est cette même terreur que Poutine sème depuis plus de 1000 jours en Ukraine, et par extension dans toute l'Europe. Le fait que la Russie paie un lourd tribut ne le dérange pas. Les pertes militaires totales dépassent déjà 434 000 soldats, dont 150 000 tués.  L'inflation est galopante, le rouble s'est effondré et la croissance économique n'est alimentée que par une économie de guerre. 

Mais Poutine s'en tient à sa stratégie consistant à susciter la peur. Non seulement en Ukraine, mais aussi par des campagnes de désinformation insidieuses qui, tel un poison neurotoxique, cherchent à paralyser nos démocraties de l'intérieur, que ce soit en Roumanie, en Moldavie ou en Géorgie. En Allemagne, 80 % des électeurs craignent que Poutine ne veuille influencer les élections. Les nombreuses attaques contre les câbles d'alimentation ou de transmission de données en Europe devraient également nous inquiéter.                                                                                                                       

De notre point de vue d'Européens de l'Ouest, nous ne ressentons pas toujours la menace immanente de la Russie, pas plus que les chars T-55 n'entreront demain dans la rue de la Loi. Il n'est pas question de guerre conventionnelle dans l'immédiat à l'Ouest, mais tout n'est pas rose non plus.  L'invasion de l'Ukraine nous touche également de plein fouet.                                   

Tout comme un four à micro-ondes utilise les radiations pour réchauffer nos restes en créant le chaos dans les molécules, Poutine sème également le chaos dans les molécules de l'Europe. Et comme tout le monde en a fait l'expérience, un four à micro-ondes ne chauffe pas uniformément. Prenons l'exemple d'un bol de soupe. Sur les bords, elle semble parfois bouillir, alors que le centre ne se réchauffe que lentement.

Ce processus est similaire à la situation sécuritaire en Europe. À nos frontières extérieures, le point d'ébullition a manifestement déjà été atteint, avec une guerre conventionnelle brûlante en Ukraine et une guerre hybride en Europe.  Mais la guerre hybride a généralement un impact beaucoup plus important : le sabotage des services publics en Finlande, en Suède, en Norvège, en Pologne ou en Lituanie n'est pas anodin, pas plus que l'empoisonnement des rivières en Ukraine, les incendies criminels dans les entrepôts allemands ou la perturbation des chemins de fer français. Sans oublier la flotte fantôme russe qui rôde au large de nos côtes.   

La guerre en Ukraine est brûlante, mais plus à l’ouest, la température ne cesse d’augmenter sous l’effet des attaques hybrides, de la désinformation et du débordement du front. Là encore, Poutine poursuit un objectif clair : semer le chaos et déstabiliser nos sociétés. Pourtant, pour certains, ce conflit demeure une réalité lointaine, une abstraction qui leur paraît encore froide. Nous ne pouvons plus parler d’une nouvelle Guerre froide, mais plutôt d’une “guerre micro-ondes” : brûlante aux frontières extérieures, tandis que le cœur du continent, bien que toujours plus tiède, est en train de monter en température. L’Europe ne peut pas rester passive jusqu’à ce qu’elle soit, elle aussi, portée à ébullition par la stratégie de déstabilisation russe. 

Le four à micro-ondes, tout comme Internet, est d’ailleurs une invention dont l’origine remonte à une innovation militaire. Lors du développement des missiles Patriot, l’ingénieur de Raytheon, Percy Spencer, découvrit par hasard que la barre chocolatée dans sa poche avait fondu sous l’effet des tests visant à mettre au point un système radar à base de micro-ondes, conçu pour défendre Londres durant la Seconde Guerre mondiale. 

Sur les plans économique et militaire, nous devons dès lors prendre des mesures décisives pour garantir une position forte, tant pour l’Ukraine que pour nous-mêmes. Contrôler la flotte fantôme russe, intervenir de manière proactive face aux tentatives de sabotage en mer Baltique, renforcer nos pare-feux contre les cyberattaques russes, accroître les livraisons d’armes aux forces ukrainiennes… Autant d’éléments cruciaux pour opposer une riposte claire à Vladimir Poutine. 

Cette semaine, la Conférence de Munich sur la sécurité réunira à nouveau les dirigeants mondiaux autour des enjeux de la sécurité internationale. L’Europe doit y prendre les devants et tisser des alliances afin de mettre un terme, depuis une position de force, à cette ingérence et cette agression russes. Car c’est ainsi que nous pourrons transformer les ondes déstabilisatrices de la Russie en rayons de lumière et d’espoir. Comme le disait Leonard Cohen : “There is a crack in everything, that's how the light gets in.” 

 

Notes aux éditeurs

Avec 188 députés issus de l'ensemble des Etats membres, le Groupe PPE est le groupe politique le plus important du Parlement européen

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