Journée de la femme: Évolution dans les conseils d'administration, révolution dans les mentalités

La journée de la femme est l'occasion pour l'ancienne Commissaire à la Justice, Viviane Reding, de maintenir la pression sur l'ensemble des institutions européennes concernant sa proposition législative de 2012 visant à établir des quotas de femmes dans les conseils d'administration. Malgré son adoption à une très large majorité dès 2013 au Parlement européen, la directive reste bloquée au Conseil des ministres de l'UE. La Commission aussi semble de moins en moins déterminée à soutenir cette initiative.

Viviane Reding regrette que la Commission n'ait pas poursuivi ses efforts avec plus d'insistance. En référence à l'opposition du gouvernement allemand, elle a déclaré: "Le compromis qui est sur la table est une main tendue aux autorités allemandes. Qu'attend la Commission pour les en convaincre?" L'eurodéputée met aussi les autres États membres face à leurs responsabilités: "La journée internationale de la femme est un jour symbolique durant lequel les beaux discours ne manquent pas. J'aimerais que les pourfendeurs de ma proposition au Conseil m'expliquent pourquoi ils passent les 364 autres jours de l'année à faire barrage à une loi qui serait bénéfique pour les femmes et pour l'économie européenne." Elle insiste aussi sur la nécessité pour la Commission européenne d'être proactive lors d'une telle période de blocage. "J'espère que le silence actuel n'est pas signe d'un abandon futur de ma proposition législative. Il n'est pas question qu'elle soit retirée au même titre que le congé maternité. Nous avons besoin d'avancées, pas d'un retour en arrière."

Dans ce contexte politique difficile, Viviane Reding met en évidence les développements positifs récents. "Les quotas de femmes ne sont pas une fin en soi. Le but est de briser le plafond de verre. Les premières fissures commencent déjà à apparaître. On constate une évolution dans la composition des conseils d'administration. Une révolution des mentalités est en marche." Bien que le projet de loi n'ait pas encore été adopté, il produit déjà les effets escomptés. La part des femmes dans les organes de décision des entreprises cotées en bourse ne cesse d'augmenter. De 2010 à 2015, la moyenne européenne a doublé, passant de tout juste 12% à plus de 23%. C'est un pas en avant incontestable. Cette progression s'explique aussi par l'adoption dans le même temps de lois nationales suivant le même esprit que la proposition de Directive. Ainsi, la part des femmes dans ces mêmes instances a grimpé de 12% à 36% en France, de 5% à 29% en Italie et de 13% à 26% en Allemagne. "Nous sommes encore loin de l'objectif des 40%. Mais cette direction est la bonne. Redoublons d'efforts", a conclu Viviane Reding.