La présidence française ne doit pas être un simple exercice de communication

« Croyez-vous honnêtement que vos trois promesses - démocratie, progrès et paix - pourront être tenues si l'Europe ne devient pas une chance pour tous ? » C'est par ces mots que le député européen Benoit Lutgen (cdH) s'est adressé ce mercredi matin au Président français Emmanuel Macron.

Ce dernier est venu expliquer les priorités de la présidence française du Conseil.  Mais il semblait surtout vouloir promouvoir sa propre réélection à la tête de la République française, sans y faire spécifiquement référence.

Benoît Lutgen a souligné que les citoyens européens ont beaucoup d'autres préoccupations quotidiennes que la grande politique mondiale. Par exemple, 137 millions d'Européens vivent dans des zones rurales. Il ne suffit pas de leur dire qu'ils doivent traverser la rue pour trouver un emploi ou se rendre à l'hôpital. Ils doivent parcourir chaque jour de longues distances à un coût toujours plus élevé. Une proportion importante de ces Européens s'est détournée de la démocratie en s'abstenant ou, pire, en soutenant les extrêmes.

Malheureusement, ces citoyens des régions oubliées ne voient pas l'Europe comme une opportunité pour améliorer leur vie et celle de leur famille. Ils voient souvent l'Europe comme une opportunité pour les autres, pour ceux qui font des affaires, qui sont hyper-connectés ou qui ont fait Erasmus.

Une position qui est partagée par l’eurodéputé germanophone Pascal Arimont (CSP-cdH) : « La présidence française doit mettre davantage l'accent sur les zones rurales. La France, avec ses nombreuses zones rurales et en tant que l'un des plus grands producteurs agricoles d'Europe, doit souligner que les zones rurales ne peuvent pas être négligées. Nous avons besoin d'investir dans les infrastructures, les liaisons de transport et l'internet dans ces zones afin de rester compétitifs à une époque où notre société est soumise à de nombreuses évolutions et défis, comme le changement climatique et la transformation numérique. Et nous avons besoin d'emplois qui, dans les zones rurales, sont en très grande partie fournis par des petites et moyennes entreprises. J'attends de la Présidence française un engagement fort dans ce domaine, notamment en ce qui concerne l'indépendance stratégique de l'Europe en matière d'électricité abordable et de matériaux primaires, qui sont actuellement plus difficiles à obtenir pour de nombreuses entreprises et ménages ».

Parlez d'abord aux citoyens, puis à Moscou

Dans son discours, le président Macron a évoqué le réveil des Européens qui ne doivent pas dépendre des puissances mondiales. Il a également mis l'accent sur la nécessité de le renouvellement de l'OTAN et le besoin d’entamer de nouvelles discussions avec la Russie.

C’est certainement important, mais pour Benoît Lutgen, cela ne suffit pas pour ces citoyens négligés : « Pas une ligne, Monsieur le Président, pas un mot pour leur dire que la priorité absolue de votre présidence sera de leur offrir la 5G, les nouvelles technologies ou un investissement massif dans les transports publics. Pas un mot non plus pour les agriculteurs. Chaque citoyen européen doit être respecté, quelle que soit la couleur de sa peau, sa religion, son origine ou sa situation géographique. »

La véritable promesse, sur le plan économique, social et démocratique, est que l'Europe est une chance pour tous et pour eux aussi, a conclu Benoit Lutgen.